Les jours les plus longs sont propices à l’observation du castor. En effet c’est un mammifère aux moeurs plutôt nocturnes, en tous cas sur le fleuve Loire, très fréquenté par un autre mammifère à 2 pattes !

Le 14 juin, non loin de Montlouis sur Loire, je décide de tenter l’observation. Ce n’est pas la première fois, mais une sorte d’émotion me stimule dans la recherche. Je m’installe sur la partie haute d’une berge sapée avec quelques herbacées et arbustes qui me dissimule. Même si la vision du castor semble être médiocre, je préfère me cacher. De là, j’ai vue sur une île située à une centaine de mètres qui présente une morphologie et une végétation recherchées par le castor ; à savoir de nombreuses pousses de peuplier et saule encore à l’état d’arbuste, situé à proximité de l’eau. D’ailleurs, j’observe avec les jumelles, quelques branches écorcées dans l’eau, ainsi que des "toboggans" sableux avec la trace de la queue de l’animal. Ouf ! Je ne me suis pas trompé, le site est bien fréquenté.

19h20 : un ragondin venant de l’amont traverse le chenal en eau depuis ma rive vers l’île, je distingue bien ses moustaches blanches et les 2 parties emmergées de son corps : la tête et le bas du dos. A l’inverse un castor a des moustaches moins visibles car de la couleur de ses poils bruns. De plus, la plupart du temps, seul la tête du castor est emergée, le reste du corps étant sous l’eau.

Le Myocastor ou ragondin quitte l’eau pour aller brouter de l’herbe. on peut le comparer à un gros lapin, c’est un herbivore originaire d’Amérique du Sud. Une tourterelle des bois vient boire à proximité du ragondin, devant moi, passe une sterne pierregarin , le ciel devient rose orangé .

19H37 : le chant des grenouilles vertes se fait entendre, quelques vanneaux, sternes et mouettes sont posés sur un ilot sableux en amont, le ragondin broute toujours tranquillement .

19h42 : sifflement du martin pêcheur, le voilà qui passe devant moi avec un poisson dans le bec, son nid doit être proche, creusé dans la berge abrupte. Les jeunes sont à nourrir !

19H43 : Une branche de peuplier remonte le courant, tirée par un castor qui soudain plonge en emportant la branche ! Il ne ressort pas, la branche non plus. Il doit être rentré dans son terrier hutte, je cherche ... Et là dans une bouillée de saule un tas de branches suspectes m’intrigue. J’en vois certaines taillées en biseau ou en pointe, la plupart sèches et une fraiche posée sur le dessus. J’ai trouvé le terrier a priori occupé par une famille.

19H48 : Un héron cendré se pose dans l’eau et commence sa prospection de poissons

20h :Un rapace ... c’est une buse variable, j’aurais préféré un balbuzard ! mais cela fait quand même plaisir.

20H04 : Une branche remonte le courant. Bon sang, je ne l’ai pas vu ressortir et aller tailler, le castor plonge à nouveau vers le terrier. Une cane colvert et cinq canetons se baladent au dessus du terrier et redescendent vers l’eau.

20H16 : le ragondin broute toujours, 2 goélands leucophées passent en vol devant.

20h35 : Un autre ragondin marche sur une grève à la recherche d’un secteur riche en herbes et racines.

20h25 : Un rat ou surmulot passe au pied de la berge en quête de nourriture.

20h40 : Un castor nage, il vient probablement de quitter le terrier. Je vois sa tête mais j’ai l’impression qu’il y en a deux. Je l’observe à la lunette et je vois un castorin dans la gueule de sa mère ou de son père ? Tel que le font les chiens parfois avec leur chiot pour les transporter. Ils traversent ainsi le chenal, passent devant moi puis vers l’aval.La direction me rapelle l’endroit d’un terrier que j’avais repéré en Mars .

Pourquoi l’adulte enmène le jeune ? Changent ils de terrier ? Dans le même temps un autre castor ronge une branche non loin de là.

20h46 : il monte sur l’île pour couper une branche et resdescend vers l’eau pour l’éplucher .

20h52 : Un 3ème castor débarque sur une grève de graviers blancs, il marche une dizaine de mètres à découvert puis sectionne une branche de peuplier puis une autre, jusqu’à quatre branchettes. Coincées dans sa machoire au niveau du diastème, il ramène ses branches à l’eau puis nage avec sur une cinquantaine de mètres. Il s’arrète sur une petite anse sableuse entourée de rauches et commence son repas. Je décide de l’appeler "quatbranche". Le martin pêcheur repasse devant moi.

21H04 : Un quatrième castor est sorti, il s’installe sur sa queue et commence sa toilette. Avec l’ongle double situé sur un des doigts de sa patte arrière, il se gratte sous la gorge et la joue. Je m’amuse en le voyant passer sa petite patte avant dans l’oreille.

J’ai désormais 3 ragondins sur le site.

20 bonnes minutes sont passées, la toilette se termine, je vois la queue du castor, celle ci a une particularité, une sorte d’encoche sur la partie droite située aux 2/3 depuis la base de la queue. Je décide de l’appeler "encoche". Encoche retourne à l’eau puis sort au niveau d’une racine de peuplier mise à l’air par l’érosion de la berge pendant les crues. Il ronge la racine et retourne à l’eau. Un ragondin nage en sa direction, passe l’air de rien à 1 mètre d’Encoche qui s’arrête un instant en regardant le myocastor. Aucun signe d’agressivité, le ragondin a passé son chemin. Encoche se dirige vers un réfectoire où il y a déjà des branches coupées. Il en saisit une et repart dans l’eau avec. Il nage vers le terrier et y dépose la branche sur l’avant de la construction.

"quatbranche" a fini de manger, il fait sa toilette. Deux autres mangent, j’ai 4 castors visibles sur le site.

21h31 : un canoé accoste en aval de l’île, 3 hommes passent derrière la zone des peupliers à une centaine de mètres des castors. Les castors ont tendance à remonter vers l’amont l’air de rien.

21h50 : un homme se dirige vers leur secteur suivi des 2 autres avec un bidon, les castors disparaissent. Le bidon rempli d’eau, les hommes repartent vers le milieu de l’île. Un castor a traversé le chenal et se retrouve sur ma rive. Je décide de lui laisser ma place , la luminosité étant désormais faible et surtout en raison de l’occupation de l’île ! Je reviendrais un autre soir !