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La Loire s’ensable,réalité ou rumeur ?

mercredi 21 septembre 2005.


L’étiage sévère de ce mois de septembre interpelle certains ligériens à la vue de ces longues grèves qui se découvrent. Ces bancs de sables sont, de plus, rapidement colonisés par les végétaux.C’est aussi la période d’entretien du fleuve( facilité d’accès aux engins, respect des périodes de reproduction des oiseaux...).Il arrive de voir des tracto-pelles sur les îles afin de dévégétaliser de manière radicale.Ces travaux ont pour but de faciliter l’écoulement des eaux en période de crue.Ils sont réfléchis et inclus dans le Plan Loire .Les secteurs sont localisés.

Pourquoi en sommes nous arrivés là ?

Les grincheux diront "c’était mieux avant, la Loire était entrenue". Merci pour ceux qui le font aujourd’hui, d’une autre manière certes, mais les intérêts de gestion du fleuve ne sont plus les mêmes.

Au XVIIIème et XIXème , il fallait naviguer sur la Loire pour le commerce, Loire qui n’était pas forcement facilement navigable .La preuve, le train puis malheureusement la route aujourd’hui sont des supports plus efficaces pour le transport des marchandises.

Après guerre,la volonté était d’oublier ce fleuve qui ne servait plus à rien.Les villes s’en détournaient. Un exemple parmi tant d’autres, la plantation d’une haie de conifères sur une partie du mail à Amboise qui masque la vue sur le fleuve (là où il y a le marché !).

Le seul intérêt économique jusqu’à fin XXème, a été l’exploitation de plus en plus massive du sable.

Actuellement, on souhaite limiter les risques d’inondations,développer le tourisme de nature en complément des châteaux.D’où la renaissance du terme "sauvage" qu’il ne fallait surtout pas utiliser il y a quelques années ; ou alors qui était assimilé aux "écolos".

Nous parlerons plutôt de fleuve vivant en raison de la diversité floristique et faunistique.De plus, le paysage d’aujourd’hui est le résultat des multiples inter-actions avec l’activité humaine.

En effet, le lit s’est enfoncé de 1 à 2 m principalement suite à l’exploitation massive de sable dans le lit mineur.C’est pourquoi la plupart du temps , les lectures des hauteurs d’eau, sur les échelles de crues, sont négatives .En effet, le niveau 0 est une référence du XIXème. Une époque où il y avait plus de sables dans la Loire, donc le niveau d’eau était "supérieur".

On a enlevé plus de sable qu’il ne s’en fabrique avec l’érosion, donc la ligne d’eau s’est enfoncée.Le paysage s’est transformé.En 40 ans , on a prélévé l’équivalent de 400 ans d’arrivée de sable. Le lit mineur s’est concentré sur un seul chenal si bien que le sable apparait plus quand il y a peu d’eau.D’où l’impression que le fleuve s’ensable.Et comme le sable est émergé plus longtemps, la végétation se développe. Celà d’autant plus rapidement que les eaux du fleuve sont riches en éléments nutritifs (nitrates, phosphastes ) présents naturellement et surtout enrichis par l’activité humaine(engrais, lessives...) Même les castors n’arrivent pas à limiter convenablement ce developpement des saules et des peupliers. D’où l’intervention mécanique tous les 5 ans sur certains secteurs.

On entend souvent dire , qu’il faut continuer d’enlever le sable, pour enfoncer le lit et ainsi nous protéger des crues. Raisonnement trop simpliste, le sable n’est pas éternel, on arrivera à la roche, c’est déjà le cas à certains endroits.Le sable met plusieurs milliers d’années à se fabriquer.Les conséquences seront multiples et se sont déjà faites sentir d’où l’interdiction d’extraire dans le lit mineur. Disparition de zones de frayères pour les poissons,réduction de la biodiversité (aussi bien pour les naturalistes que pour les chasseurs), mises à jour des fondations des ponts du XIXème, fragilisation des pieds de levées favorisant l’apparition de brèches en cas de crue importante, réduction voir disparition de la nappe alluviale utile à l’approvisionnement en eau des villes.... On peut presque dire que dans le lit, en volume, on a moins de sable qu’au temps des belles années de la navigation et en tous cas le sable n’est pas réparti de la même manière.

Compliquée la Loire, enfin, ses relations avec l’homme...

Le mieux étant de vivre, réapprendre à vivre avec le fleuve ;et non pas d’adapter le fleuve à l’homme, mais que l’homme s’adapte aux rythmes du fleuve. D’ailleurs le bilan économique et sociologique n’en sera que meilleur. Ligérien, soit fier de ton fleuve.Utilisateur de la Loire avale ton égoïsme, la Loire, ce n’est pas que des poissons ou des canards ou des cormorans ou du sable ou de l’eau ou un terrain de loisirs. C’est tous ça en même temps, alors construisons l’avenir ensemble ...



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